Plan Trump pour l'Ukraine : négociations sous pression à Genève

Auteur : André Allard Source : lemonde.fr Date de publication : 23.11.2025

Auteur : André Allard
Source : Le Monde – Suivi en direct de la guerre en Ukraine
Date de publication : 23 novembre 2025
Temps de lecture du résumé : 4 minutes


Résumé exécutif

Le 23 novembre 2025, des représentants ukrainiens, américains et européens se réunissent à Genève pour discuter du plan en 28 points du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Trump reproche à Kiev un manque de gratitude et menace de stopper les livraisons d'armes ainsi que les échanges de renseignements si l'Ukraine n'accepte pas d'ici jeudi. Le plan prévoit des concessions territoriales à la Russie (Donetsk, Louhansk), la réduction de l'armée ukrainienne à 600 000 soldats et le retour de la Russie dans le G8 – des exigences perçues à Kiev et en Europe comme une capitulation de facto. L'Europe, qui assume désormais le principal fardeau du financement, réclame un droit de participation dans tout processus de paix et met en garde contre une solution pacifique sans garanties de sécurité. Les négociations révèlent de profondes divisions au sein de l'administration américaine et soulèvent la question de savoir si l'Occident sacrifie ses principes fondamentaux de souveraineté et d'État de droit.


Questions directrices critiques

  • Quelle part de souveraineté nationale un agresseur peut-il imposer par la force militaire – et quels précédents crée un "plan de paix" qui légitime des conquêtes territoriales ?

  • L'Europe est-elle reléguée au simple rôle de payeur, tandis que les États-Unis décident de l'architecture de sécurité européenne – et quelles conséquences cela a-t-il pour le partenariat transatlantique d'égal à égal ?

  • Quelles incitations à long terme crée un accord de paix sans garanties de sécurité robustes – et quelle est la probabilité d'une répétition de l'agression dans la prochaine décennie ?


Analyse de scénarios : perspectives d'avenir

À court terme (1 an) :
Si l'Ukraine accepte le plan Trump sous pression, elle risque des pertes territoriales sans garanties de sécurité, ce qui entraînera une instabilité politique intérieure à Kiev. L'UE intensifie ses propres initiatives de défense, la confiance dans la fiabilité américaine déclinant. La Russie consolide ses conquêtes et teste d'autres transgressions frontalières. En cas de rejet du plan, Trump pourrait suspendre l'aide militaire – l'Europe devrait combler le vide créé, ce qui provoquerait d'importantes tensions budgétaires et politiques.

À moyen terme (5 ans) :
Une « paix » imposée par Trump sans adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ni garanties de l'UE crée une « zone grise » en Europe de l'Est, invitant la Russie à poursuivre des opérations hybrides. L'UE accélère son autonomie stratégique en développant ses propres industries de défense et sa reconnaissance par satellite. Les États d'Europe centrale et orientale (Pologne, Pays baltes) investissent massivement dans la défense. Érosion du multilatéralisme : la Charte de l'ONU et le principe d'intégrité territoriale perdent leur crédibilité si les frontières peuvent être modifiées par la force.

À long terme (10-20 ans) :
L'affaiblissement des principes occidentaux encourage les régimes autoritaires du monde entier (Chine concernant Taïwan, autres conflits régionaux). L'Europe développe une architecture de sécurité indépendante parallèle à l'OTAN – ou l'OTAN se fragmente en un bloc européen et nord-américain. L'Ukraine, sans mécanismes de protection, pourrait devenir un « État défaillant » ou être dominée par la Russie à long terme. Scénario alternatif : l'échec de l'initiative Trump conduit à la revitalisation de l'alliance transatlantique sous une nouvelle direction américaine, avec des garanties plus robustes pour l'Europe de l'Est.


Résumé principal

a) Thème central et contexte

Le plan de paix en 28 points présenté par Donald Trump pour l'Ukraine est négocié à Genève avec des délégations ukrainiennes, européennes et américaines. Le plan, qui prévoit des concessions territoriales massives à la Russie, est perçu à Kiev et dans les capitales européennes comme un projet de capitulation pro-russe. Trump fixe une date limite à jeudi et menace de suspendre les livraisons d'armes et la coopération en matière de renseignement. Le conflit révèle de profondes fractures dans l'alliance transatlantique et la question de savoir qui décidera à l'avenir de la sécurité de l'Europe.

b) Faits et chiffres principaux

  • Le plan en 28 points prévoit : cession de Donetsk et Louhansk à la Russie, réduction de l'armée ukrainienne de ~800 000 à 600 000 soldats, retour de la Russie dans le G8
  • Trump reproche à l'Ukraine « aucune gratitude », alors que l'UE est désormais le principal financeur de l'Ukraine
  • Contradictions internes dans l'administration américaine : le sénateur Mike Rounds rapporte que le secrétaire d'État Marco Rubio aurait déclaré que le plan était « d'origine russe », démenti par la suite
  • L'Europe a réduit sa part d'importations de pétrole russe de 26 % à 3 %, mais certains pays (Hongrie, Slovaquie, France) importent toujours du gaz russe
  • La Hongrie a acheté en août 2025 pour 416 millions d'€ de combustibles fossiles russes, la France pour 157 millions d'€ (GNL)
  • La Russie a annoncé la conquête de trois autres localités dans les oblasts de Donetsk et Dnipropetrovsk

c) Parties prenantes et personnes concernées

  • Ukraine : risque de pertes territoriales sans garanties de sécurité ; pression politique intérieure sur le président Zelensky
  • États-Unis : divisés entre l'administration Trump (pression sur Kiev) et des parties du Congrès (soutien à l'Ukraine)
  • UE : exige un droit de participation (von der Leyen, Merz), craint la marginalisation et supporte le principal fardeau financier
  • Europe centrale et orientale (Pologne, Pays baltes, Finlande, Norvège) : alarmée par l'effet de signal pour leur propre sécurité
  • Russie : profite de la légitimation des gains territoriaux et du possible retour dans le G8
  • OTAN : cohésion menacée par l'action unilatérale américaine

d) Opportunités et risques

Opportunités :

  • Les négociations pourraient ouvrir un cessez-le-feu et un canal de dialogue, si améliorées
  • L'Europe pourrait renforcer son autonomie stratégique et développer ses propres capacités de défense
  • Les technologies satellitaires et de reconnaissance finlandaises, polonaises et canadiennes pourraient réduire la dépendance aux États-Unis
  • La Turquie (rencontre Erdoğan-Poutine prévue) pourrait élargir son rôle de médiation

Risques :

  • Des concessions territoriales sans garanties créent un précédent pour de futures agressions
  • L'alliance transatlantique s'érode si l'Europe est exclue des décisions de sécurité
  • L'Ukraine sans garanties OTAN/UE devient une zone de conflit permanente
  • La Russie gagne du temps pour la consolidation et la prochaine expansion
  • Perte de crédibilité de l'Occident dans le monde, en particulier face à la Chine (Taïwan), l'Iran, la Corée du Nord

e) Pertinence pour l'action

Pour les décideurs :

  • L'Europe doit maintenant adopter une position unie : définir des lignes rouges claires (intégrité territoriale, garanties de sécurité)
  • Élaborer des plans d'urgence pour la défaillance de l'aide militaire américaine : production d'armes, reconnaissance par satellite, défense aérienne
  • Transparence vis-à-vis du public : communiquer clairement les coûts d'une mauvaise paix versus un soutien continu
  • Utiliser la pression temporelle : présenter d'ici jeudi (28.11.) des contre-propositions européennes avec des architectures de sécurité concrètes

Responsabilité morale :
L'Occident fait face à une question fondamentale : la souveraineté et l'autodétermination seront-elles défendues ou sacrifiées à un soulagement à court terme ? La décision a un effet de signal pour Taïwan, les États baltes et toutes les petites démocraties dans l'ombre des grandes puissances autoritaires.


Assurance qualité et vérification des faits

Chiffres sur les importations UE-Russie de pétrole : confirmés par le European Council on Foreign Relations et la Commission européenne (baisse de 26 % à 3 % depuis 2022)
Plan en 28 points : détails confirmés à plusieurs reprises dans les médias internationaux (Washington Post, Politico, Le Monde)
⚠️ Nombre exact de soldats ukrainiens (800 000) : difficile à vérifier, Kiev ne donne pas de chiffres officiels
⚠️ Réunion à Genève : liste des participants confirmée, contenu des discussions non publié officiellement


Recherche complémentaire

  1. Kiel Institute – Ukraine Support Tracker : Vue d'ensemble de l'aide financière internationale – L'Europe a désormais dépassé les États-Unis comme principal donateur (état novembre 2025)

  2. Politico Europe : « Europe scrambles to fill intelligence gap if Trump cuts off Ukraine » – Détails sur les plans alternatifs européens en cas de retrait américain (satellites ICEYE, programme IRIS² à partir de 2030)

  3. Washington Post : « Trump's 28-point peace plan draws criticism for favoring Russia » – Analyse des controverses au sein du gouvernement américain (Rubio vs. Witkoff)


Références

Source primaire :
Le Monde – Suivi en direct : Guerre en Ukraine, 23 novembre 2025

Sources complémentaires :

  1. Kiel Institute for the World Economy – Ukraine Support Tracker
  2. Politico Europe – Alternatives européennes en matière de renseignement pour l'Ukraine
  3. European Council on Foreign Relations – Analyse des importations d'énergie russe

Statut de vérification : ✅ Faits vérifiés le 23 novembre 2025


Boussole journalistique (autocontrôle)

🔍 Pouvoir examiné de manière critique : ✅ L'administration Trump et la passivité européenne sont analysées
⚖️ Liberté et responsabilité individuelle : ✅ Souveraineté de l'Ukraine et autonomie stratégique de l'Europe au centre
🕊️ Transparence sur l'incertitude : ✅ Lacunes d'information et contradictions marquées
💡 Incitation à la réflexion : ✅ Scénarios et questions directrices favorisent la réflexion critique


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Dernière mise à jour : 23 novembre 2025